Présentation

  Animal méconnu et pourtant présent partout, il se fondait dans l’indifférence générale.

  Critiqué par les uns et compris par les autres, qui peut se vanter de n’avoir jamais employé le mot « âne » avec dérision. Les maîtres de nos écoles communales usaient du bonnet d’âne pour humilier leurs mauvais élèves et les désigner à la vindicte de leurs congénères.

  Notre plantureuse Normandie nous fait retrouver un paysage de bocage avec ses herbages plantés de pommiers, de poiriers et cernés de haies, ses fermes à colombages.

  Ici le cheval est roi ! Il vit retiré dans son domaine privé des Haras. Mais nous, ses cousins au, soit disant, sang moins pur, permettons, en humbles serviteurs, avec nos amies les vaches normandes, le régal de nos camarades humains.

  Nous sommes les fidèles compagnons de nos jolies laitières appelées plus communément chez nous « triolettes ».

  Dans les petites exploitations agricoles, nombreuses dans le pays au début du XXe siècle, le paysan  équipe son âne d’un bât appelé aussi « panneau » en peau de cochon, chargé de « cannes » à lait en cuivre.

  Nous transportons le précieux nectar lacté que nos amies à longues cornes ont distillé dans le pâturage. Et, pendant que les laitières jacassent, discrètement, nous croquons une bonne pomme juteuse.

  Ce délicieux lait peut-être livré à domicile au gens du voisinage, mais sert surtout à la fabrication d’un beurre renommé au léger goût de noisette, le fameux beurre d’Isigny et de nos fromages en Pays d’Auge : le Camenbert, le Livarot, le Pont l’Evêque.

  En Pays de Caux, l’âne normand est souvent attelé à une « godaine ». La contenance de ce «  bidon géant sur roue » varie selon l’importance de la ferme.

  Les hommes nous utilisent pour les corvées de foin.  Attelés à une « fourragère », nous transportons le fourrage qui nourrit tout l’hiver les animaux de l’exploitation. Bâtés, nous accompagnons la fermière qui distribue une « collation » suivie d’un verre de cidre bouché, à ses « gens de corvée ». N’oublions pas que la Normandie est par excellence le pays de la pomme et du « Calvados » !

  Le long du littoral, les herbages s’effacent au profit des falaises crayeuses de la Côte d’Albâtre, des grèves de la Côte de Nacre et de la Côte Fleurie et des anses rocheuses du Cotentin  qui nous font déjà penser à la Bretagne toute proche.

  Ici, nous escortons nos maîtres et nos maîtresses jusqu’au marché pour y vendre nos fameuses carottes de Créances, nos poireaux de Carentan, nos navets, nos oignons ou encore nos  choux.

  La nostalgie fait faire des prouesses, les concours, les fêtes, font revivre les vieux métiers, les légendes, les contes…

  Cet animal est un exemple d’équilibre, de sérénité. Sa douceur, son calme sont autant de bienfaits pour les gens stressés. De nos jours, il est principalement utilisé dans le domaine du loisir et du tourisme.

  Aujourd’hui, l’homme éprouve le besoin de retrouver ses racines.

  Les randonnées d’ânes bâtés sont l’occasion d’un retour aux sources à travers la nature et suscite la symbiose « âne/humain ».

  Animal polyvalent, il peut être aussi attelé.

  Dans les compétitions sportives, des attelages s’affrontent dans des concours de maniabilité, épreuve de marathon chronométrée etc… C’est l’occasion pour le couple complice « âne/meneur », de démontrer l’intelligence, l’ingéniosité, la finesse, la réflexion, l’écoute, l’esprit d’à-propos de chacun.

  Cette race reconnue par le Ministère de l’agriculture le 20 Août 1997 compte actuellement 1450 animaux. Chaque année, une petite centaine d’ânesses sont mises à la  reproduction.

  L’Âne Normand doit impérativement être de couleur bai à bai-brun dit  noir « pangaré » et avoir une bande scapulaire. Son ventre, son tour d’œil, son nez doivent être gris-blanc. Enfin, il toise de 1m10 à 1m25 au garrot à l’âge adulte.

  Le berceau de notre race se situe dans les trois départements de la Basse Normandie (Orne, Manche, Calvados),  de l’autre côté de la Seine, les deux départements de la Haute Normandie (Eure et Seine Maritime) et deux départements des Pays de Loire (Mayenne et Sarthe).   Tous les ans, nos ânes normands sont présents dans différentes manifestations locales et au Salon de l’Agriculture à Paris.